« L'expression la plus simple du nationalisme est la défense de la Terre et du Sang.
Quel homme digne de ce nom ne défendrait pas sa famille ni son habitat ?
Alors le nationalisme étend cette vision de la famille à son peuple et celui de son habitat à sa nation ! »

mercredi 25 juin 2014

France profonde - Sorcellerie et guérison en Auvergne

L’Auvergne, ce sont les volcans, prairies, lacs et rivières, églises et châteaux. Cette alliance du feu, de l'eau et de a pierre a forgé l'âme d'un peuple. Si la recherche de l'équilibre entre l'homme et le cosmos a toujours été une préoccupation constante des sociétés traditionnelles, cela est particulièrement vrai en Auvergne. Le mode de vie qui en découle - l'écoute du plus humble élément naturel et la recherche de sa juste place - ne doit pas être considéré comme relevant de pratiques superstitieuses. Car plantes, animaux et pierres parlent à celui qui a des oreilles pour entendre.


Grandes pierres de saints dans le Velay

Venu de la nuit des temps, l'usage des pierres guérisseuses s'est perpétué jusqu'à nos jours sur les hauts plateaux du Velay et de l'Ardèche, non loin des sources de la Loire, au pied du mont Mézenc. 


En bordure du chemin allant de Velay à Chapey, ancien chemin gallo-romain on peut voir 5 monolithes, redressées en 1951. Ces pierres tumulaires en granit sculptées au nombre de 5 sont des stèles funéraires, vestiges de la civilisation celtique de l’époque. Dressées sur des tombes, ces stèles étaient sculptées et représentaient le défunt dont elles évoquaient la vie ou faisaient référence à une divinité locale. La présence de ces stèles permet d’affirmer l’occupation celtique de ces lieux et de dater cette occupation au Ve siècle avant J.C (En savoir plus).

Buste-reliquaire de Saint Théofrède
Au cœur du Velay, dans le trésor de l'abbatiale du Monastier-sur-Gazeille, est conservé le reliquaire de saint Théofrède, merveilleuse pièce d'orfèvrerie médiévale. À l'instar de saint Martin, cet infatigable évangélisateur arpentait les chemins antiques sans compter sa peine. De nombreuses pierres, dans la commune et dans les environs du Monastier, conservent ainsi une trace de son passage : le saint marqua de-ci de-là un bloc de rochers, y enfonçant son bâton, s'asseyant sur des lieux fort anciens, sanctifiant ainsi ce qui avait été de tout temps vénéré (En savoir plus et encore plus).

La chaire de saint Théofrède, poste d'observation, se tient au lieu dit. Le Mont, à la sortie du Monastier, en direction de Solignac-sur-Loire. Vous rencontrerez sans doute au cours de vos pérégrinations quelques anciens prêts à vous indiquer l'emplacement de ces rochers, qui ne sont mentionnés dans aucun guide. Des grandes pierres guérisseuses, il y en a à foison. Les usages se sont maintenus, quoique discrets, et c'est en vous armant de patience que vous vous ferez conduire à l'emplacement de la pierre de saint Maurice, dans les bois de la Griseyre, à Pigères (Pradelles), où se déroule un culte à peine christianisé pour aider les enfants à marcher.


Légende de la pierre de Saint-Maurice

A la Griseyre, près de Pigeyres, la pierre de Saint-Maurice passait pour guérir les enfants atteints d'affections plus ou moins graves des membres inférieurs. Elle est encore de nos jours l'objet d'une vénération religieuse.

Le lieu, isolé au milieu des bois éveille l'étrangeté de l'affaire, mais ce qui étonne plus encore, ce sont les dizaines de croix gravées sur l'écorce des arbres. Certains de leurs auteurs se sont même appliqués pour sculpter ces marques. Sont-elles, signes de leur passage, faites pour empreindre l'ultime espoir, l'éternelle reconnaissance ? Sont-elles le reflet d'un rituel ? Entre ces pins aux fûts verticaux, la pierre des miracles sommeille, presque entièrement enfoncée sous la mousse.

Mais si l'on en fait le tour, on s'aperçoit qu'à un endroit le sol se dérobe sous elle, faisant place à une cavité grande de toute sa surface. L'enfant malade, dit-on, doit y glisser les jambes afin qu'elles soient délivrées d'un handicap physique jugé parfois incurable. De bouche à oreille, la pierre de Saint-Maurice, surmontée de sa croix, se révèle être le socle du prodige. De l'endroit émane des ondes magiques ; il exerce aussi une attraction puissante puisque la pierre et lui s'attirent. Mais écoutez plutôt la légende.

Il y a fort longtemps, les paysans des villages, enracinés à leurs croyances comme l'arbre à la terre, décidèrent de transporter la pierre à Saint-Arcons, près du cimetière. Ils pensaient qu'elle serait plus accessible à cet emplacement qu'au fond d'un bois. Pour ce faire, on l'attela à deux énormes bœufs, mais arrivés près de la passerelle sous laquelle chantait la Méjanne, les bêtes s'arrêtèrent. On eut beau les pousser, les tirer à hue et à dia, rien à faire, les bœufs têtus comme des mules n'avancèrent pas plus. Que faire ? On décida d'abandonner la pierre et d'essayer de recommencer l'opération le lendemain.

Que se passa-t-il pendant la nuit ? Quelle force extra-naturelle influa ? Elle regagna sa place dans la clairière. Les villageois, songeant que seule une puissance divine avait pû accomplir pareille chose, vouèrent au roc sacré une vénération nouvelle, justifiée par leur grande foi et leur mentalité naïve.

La pierre de Saint-Maurice demeura dans l'antre des bois.
(En savoir plus) 

Petites pierres guérisseuses et protectrices

Des éléments minéraux sont également utilisés pour protéger les habitants des maisons contre toutes sortes de maux, pourvu qu'ils soient correctement disposés. Placés aux extrémités des faîtières de toiture, ils servent à éloigner la foudre et assurer la fécondité des hommes et des animaux. Dissimulées dans des endroits précis, sous le seuil d'entrée, dans la voûte du porche, dans la cheminée, la mangeoire. Les haches néolithiques permettent de rompre les sorts qu'un passant envieux aurait pu jeter sur la maisonnée.

Plus étonnant encore est l'usage dans ces régions de petites pierres guérisseuses, constituées en série, qui rassemblent des matériaux de diverses provenances que l'on peut classer en trois catégories de matériaux préhistoriques
  • Les haches néolithiques
  • Les fragments de bijoux celtiques (anneaux de verre)
  • Les pierres naturelles (variolites, galets de quartz, fossiles) 

Variolite, Quartz et fossile
Connues sous les appellations de pierres de tonnerre, pierres de serpents, pierres à venin ... D'autres pierres sont encore employées en fonction des règles d'analogie: les vertes guérissent les plaies infectées les maladies de la peau, les rouges stoppent les hémorragies, les blanches sont réservées aux nourrices, car elles favorisent les montées de lait.

Conservées dans des sacs, ces séries de pierres mises à tremper dans de l'eau pendant un temps plus ou moins long, variant de quinze minute à vingt-quatre heures, à moins qu'elles ne restent constamment immergées. Une part de l'eau est bue et le restant versé sur la plaie ou la partie malade. Le mal serait ainsi repoussé de l'intérieur du corps vers l'extérieur, puis éliminé par lavage. Ces pierres servent à guérir les morsures de serpent, piqûres d'insectes, affections causées par le venin des crapauds, le souffle des salamandres, ainsi que certaines maladies de la peau, tant chez les hommes que chez les animaux. Leur usage s'est maintenu jusqu'à nos jours dans plusieurs familles.

Vous en verrez à Moudeyres, dans la ferme des frères Perrel (En savoir plus), à Bigorre, à l'intérieur des chaumières du village, et surtout à Freycenet-la-Cuche, à l'exposition qui est consacrée à la médecine traditionnelle et aux croyances en Auvergne. (En savoir plus)
Autres pierres

Les pierres de la pigote sont préservées des regards indiscrets par leurs actuels détenteurs, présentées comme des trésors précieux dont l’origine reste mystérieuse. Avec de la patience, vous aurez peut-être la chance d’en entendre parler ou, mieux encore, de les voir. Pourtant, on considère encore parfois que le seul fait de les montrer à des étrangers pourrait en diminuer le pouvoir. De même faut-il éviter de les poser à même le sol.

Une pierre de la pigote (une variolite dans le cas présent)

Une croyance veut que ces pierres soient les restes fossiles de grands reptiles et autres animaux venimeux mintenant disparus (tête, queue, sections du corps), d'où leur mode de fonctionnement particulier. A moins que ce ne soient les serpents eux-mêmes, se réunissant parfois en des mêlées orgiaques, qui forment ces pierres à partir leur écume solidifiée. C'est du moins ce que vous entendrez au cours de conversations nocturnes, car il n'est pas bon de parler de ces choses en plein jour.

Saints protecteurs dans le Bourbonnais

En Bourbonnais, le dieu Borvo entretient le bouillonnement des sources. À Gannat (Allier) et dans ses environs, les dieux ont cédé la place aux saints intercesseurs, guérisseurs, mais aussi parfois facétieux, voire envoûtants. Eh oui, les saints sont parfois accusés de jeter des maléfices sur ceux qui les ont négligés. Car il existe des maladies causées par les saints que les devinaïres, ces femmes souvent veuves, ont le pouvoir d'identifier en vue de réparer l'outrage volontaire ou involontaire qui leur a été fait et qui a attiré leur courroux. S'ensuivent des pèlerinages propitiatoires. Et les saints protecteurs des vignes, comme saint Verny, font encore parfois les frais d'une trop grande sécheresse et finissent l'été les pieds dans la rivière.

Saint Eutrope. Martyre, apôtre de la Saintonges au IIIème Siècle.

Les saints font également office de guérisseurs. Dans ce cas, il s'agit d'effectuer un transfert de la maladie sur le saint lui-même ou par son intermédiaire. Il est généralement choisi en fonction d'analogies précises, telles que nom, mode de vie, fonction, détails du martyre. Ainsi, la Vierge Marie est invoquée en cas de stérilité féminine et de couches difficiles. Saint Eutrope soulage les enfants estropiés, saint Roch dissout les calculs, saint Foutin redonne la vigueur aux hommes et la fécondité aux femmes. Quant à saint Expedit, il règle tous les Problèmes et permet même... d'expédier ses ennemis ad patres. Pour cela les fidèles se rendent dans les églises, font brûler des cierges, plantent des aiguilles dans la base de la statue, raclent cette dernière, touchent les reliquaires ou déposent des rubans et des fragments de vêtements ayant été en contact avec le malade.

Les panseurs de secrets

Ce pays est aussi celui des panseurs de secrets, guérisseurs ayant reçu des conjurations, prières venues de la nuit des temps, transmises oralement de génération en génération. Œuvrant gratuitement pour le service de la communauté, le guérisseur devra les transmettre à son tour avant de mourir, sous peine d'emporter avec lui tous les péchés de la lignée, et de devoir rendre compte dans l'au-delà du bien comme du mal accompli par les ancêtres qui l'ont précédé (En savoir plus).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire