« L'expression la plus simple du nationalisme est la défense de la Terre et du Sang.
Quel homme digne de ce nom ne défendrait pas sa famille ni son habitat ?
Alors le nationalisme étend cette vision de la famille à son peuple et celui de son habitat à sa nation ! »

mercredi 23 juillet 2014

France profonde - A la recherche des vouivres jurassiennes


La vouivre et son escarboucle
Les folkloristes qui, à partir du XIXe siècle, se sont attelés à un minutieux travail de sauvetage des légendes et traditions populaires l'ont sans cesse rencontrée : la vouivre était alors, de loin, l'être le plus ancré dans les croyances et, même si les enfants sont plus attirés par la télévision que par les récits ancestraux, bien des grands-parents pourraient, aujourd'hui encore, leur conter d'étranges histoires. Devenue personnage littéraire avec Louis Pergaud et Marcel Aymé, sujet artistique ou thème de spectacle, cet animal fantastique hante toujours les montagnes du Jura, s'aventurant parfois dans les contrées limitrophes, de la Bourgogne à la Suisse et à la Savoie...

"Dans le ciel étoilée, elle volait gaiement,
De châteaux en donjons tout à son agrément,
Aux ruisseaux, aux fontaines, elle aimait s'abreuver,
Et aux fleuves limpides souvent elle s'est baignée.
Mais la belle escarboucle brillant à son front,
Attisa la rancoeur du pauvre Montagnon,
Belle vouivre dorée, mon âme pleure encore,
Pour ce triste manant qui a voulu ta mort ...
L'histoire nous l'a dit, peu de jours il vécut,
De ton oeil qu'il vendit, tira bien mille écus,
Qui tournèrent matin en mille éclats de buis ...
Belle vouivre dorée, reviens nous cette nuit !"


La vouivre : femme ou serpent ?

Son nom même - issu du celte par l'intermédiaire du latin vipera, qui veut dire serpent, ou du franc vouibre, femme - traduit bien sa double nature : c'est, selon les lieux, un serpent, un serpent de feu ou une femme-serpent, dont la taille varie entre quelques pieds et quelques mètres. Mais sa caractéristique immuable est de porter au milieu du front une énorme pierre, appelée escarboucle, et qui brille d'un tel éclat que, volant la nuit, la vouivre laisse derrière elle comme une traînée de feu. Plus précieuse que toute autre, cette pierre a des vertus magiques: qui la possède comprendra le langage des oiseaux, soignera tous ceux qui l'approcheront et verra l'or à travers la terre ...


La vouivre est un être plutôt casanier. Elle habite généralement sous terre, dans un trou ou une grotte, voire dans les oubliettes de quelque vieux château dont elle garde jalousement les trésors, et en sort le soir, à heure fixe, pour aller se désaltérer et se baigner. Car elle aime l'eau : rivière tranquille vagabondant entre les saules, étang paisible au milieu des bois, source fraîche ou fontaine de village, elle a son coin bien à elle, qu'elle fréquente à l'abri des regards, prenant toujours la précaution de cacher son irremplaçable escarboucle sous une pierre, de la mousse ou une touffe d'herbe avant d'entamer ses ébats aquatiques.

Mais le joyau attire bien des convoitises. Combien sont ils ceux qui, guettant le moment propice où la bête, tout à ses plaisirs, relâche son attention, ont tenté de s'en emparer pour s'assurer une existence sans souci ? On n'en connaît pas, en tout cas, à qui ce vol ait profité. La vouivre réagit toujours avec la plus extrême violence: il y va de sa propre survie. Malheur, alors, au maladroit que l'animal furieux va tailler en pièces. Quant aux autres, apparemment plus habiles, ils sont tôt ou tard victimes, dans le meilleur des cas, de déconvenues propres à leur faire regretter leur audace.

Sur les pas de la vouivre

Dole s'impose comme point de départ, même si son statut très sérieux de capitale économique du département en même temps que de ville d'art et d'histoire la détourne des légendes. L’Immense et magnifique futaie de la forêt de Chaux est à deux pas, qui devait pourtant bien héberger, aux siècles passés, d'étranges créatures. À l'orée de la forêt, la commanderie du Temple conserve jalousement une pierre sculptée d'un serpent à tête humaine qui serait une vouivre pétrifiée à la suite d'on ne sait quel maléfice.


Au lieu dit “le temple”, en 1132, il y avait une Commanderie des templiers, reste un bâtiment conventuels. Important prieuré fortifié. On dit qu’il est Hanté par la “Vouivre du Temple”. Les alentours sont hanté par des animaux mort depuis longtemps. Et toujours dans le même secteur, on peut voir dans la nuit du 15 aout un fantôme apparaitre.

À Villers-Robert, en tout cas, on est sûr d'en rencontrer une : elle prend ici la forme d'une sculpture de bois de Denis Chandona, érigée à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Marcel Aymé (1902-1967). Celui-ci, lui donnant les traits d'une jolie jeune femme aux cheveux parés de rubis et escortée de serpents, en avait fait le personnage principal d'un de ses romans.


Quelques kilomètres avant Arbois, Vous pouvez faire un petit détour par Vadans. Ici, dit-on, se cachait une pauvre vouivre qui n'était autre qu'une ancienne princesse, punie de son égoïsme par cette transformation. Curieusement, on ne connaît pas de vouivre à Arbois : La beauté du site, son charme et ses traditions viticoles n'incitent pas aux histoires sombres. À moins que l'ombre tutélaire de la Science – on est ici au pays de Pasteur - n'éloigne des divagations fantastiques. Tout près de là, pourtant, un site se serait bien prêté à de semblables légendes : celui de la reculée des Planches, avec sa grotte profonde, son château en ruine et les escarpements rocheux du cirque du Fer-à-Cheval.

Vous trouverez [ici] quelques grottes à explorer où, peut être, des vouivres nichent encore.

Histoires de vouivre
 
Il suffit, en fait, de pousser un peu vers le sud-est pour atteindre, au-delà de la forêt des Moidons, le village de Valempoulières: une tradition y plaçait une vouivre gardienne de château, croyance si forte qu'en 1808 trois fouilleurs persuadèrent bon nombre d'habitants de subventionner leurs recherches. Et chacun d'apporter ses économies, au grand dam du curé, sollicité pour sa part de pratiquer un exorcisme, ce qu'il refusa. Reparus un instant pour clamer leur effroi en exhibant de prétendues plaies sanglantes, les trois malins prirent le chemin de Dole pour se faire, dirent-ils, soigner dans un hôpital où nul de ne les vit jamais. La vouivre n'avait certainement pas livré de trésor, mais les villageois avaient perdu" leurs bas de laine ...

Quatre kilomètres nous séparent de Montrond, où une autre histoire de vouivre se termina beaucoup mieux. Un jeune téméraire qui s'était mis en tête de s'attaquer à la bête endormie ne dut son salut qu'à : une fuite éperdue. Trébuchant sur une touffe de chiendent, il décida de se vouer à la Vierge Marie et fut instantanément libéré des attaques du monstre, dont il commençait à sentir le souffle rauque sur son cou. Plus tard, il éleva un petit oratoire sur le lieu de sa délivrance. Et, depuis peu, le jardin du presbytère accueille une vouivre en bois peint sculptée par un artiste local.

Voir aussi ce reportage suisse : [ici]

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